dimanche 11 septembre 2016

[Film] Juste la fin du monde de Xavier Dolan

Franco-canadien - 1h35
Date de sortie française : 21 septembre 2016
Avec : Vincent Cassel, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel

Après douze ans d'absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l'on se dit l'amour que l'on se porte à travers les éternelles querelles, et où l'on dit malgré nous les rancoeurs qui parlent au nom du doute et de la solitude. 
(Source : Allociné)


17/20

Les lumières s'éteignent, le film débute. Scène d'introduction : le ton est immédiatement donné, nous voilà embarqué dans cette entrée en matière qui intrigue, fascine déjà et rappelle aux gens, s'ils l'avaient oublié, pourquoi Xavier Dolan est un grand réalisateur.


Les minutes défilent et décidément, il n'y a pas de doute : on est bien devant un film de Xavier Dolan. Des cadrages et plans rapprochés sur les mains ou les visages de ses personnages, en passant par ces détails chargés de sens et captés par la caméra au détour de rien ou encore par le jeu des regards, des silence et l'utilisation de la musique si propre au réalisateur... On assiste à ce que le jeune québécois sait faire de mieux.


On se retrouve pris au piège dans ce huis-clos familial qui n'est jamais vraiment situé, ni dans le temps, ni dans l'espace. Prenant pour scène principale une maison de famille ou des habitacles de voitures le temps d'un trajet,  l'atmosphère du film, à l'image de sa quasi unité de lieu, finit par étouffer. L'attente de l'annonce de la mort prochaine du protagoniste pèse sur les épaules de celui-ci de la même façon dont elle pèse sur les épaules du spectateur. On s'enlise dans cette atmosphère lourde et caniculaire sur laquelle on sent tout le poids de la mort, de l'absence, des regrets et de l'incompréhension qui flotte entre les personnages.
Le ton est cynique, semble parfois détaché lorsque apparaissent les interludes musicales sous forme de souvenirs, de flash-back qui ouvrent des parenthèses dans lesquelles reprendre son souffle. Le temps d'un instant seulement car la gravité de la situation reprend vite le dessus. Xavier Dolan joue habilement avec cette atmosphère changeante, électrique, qui rend les personnages à fleur de peau et captive les spectateurs autant qu'elle les dérange.  


Dérangeant car il est parfois très gênant de voir cette famille se livrer, s'ouvrir à nous, de se faire voyeur de ce microcosme familiale déjà craquelé et, sûrement, au bord de l'implosion. Pour incarner les membres de ce groupe un peu casse-gueule qui se noie dans la rancœur, dans les non-dits et l'incompréhension, on retrouve un casting composé d'acteurs totalement français pour une fois et pas n'importe quels acteurs. Vincent Cassel, Marion Cotillard, Gaspard Ulliel, Nathalie Baye et Léa Seydoux... qu'on les apprécie ou non, il faut reconnaître que chacun est excellent dans son rôle et dans la névrose de son personnage.


Avec ce huis-clos court mais dense adapté de la pièce de théâtre du même nom de Jean-Luc Lagarce, Xavier Dolan nous offre un nouveau tour de force. On passe du rire à la consternation, on baigne dans la nostalgie et le malaise. Avec son atmosphère extrêmement bien maîtrisée et son casting impressionnant, on retrouve les ingrédients qui font des films de Xavier Dolan des tableaux profonds, captivants et habilement travaillés.





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