samedi 23 janvier 2016

[Film] Anomalisa de Duke Johnson et Charlie Kaufman

Américain - 1h30
Année : 2015
Sortie en France le 3 février 2016
Avec : David Thewlis, Jennifer Jason Leigh, Tom Noonan

Michael Stone, mari, père et auteur respecté de « Comment puis-je vous aider à les aider ? » est un homme sclérosé par la banalité de sa vie. Lors d'un voyage d'affaires à Cincinnati où il doit intervenir dans un congrès de professionnels des services clients, il entrevoit la possibilité d’échapper à son désespoir quand il rencontre Lisa, représentante de pâtisseries, qui pourrait être ou pas l’amour de sa vie…
(Source : Allociné)

16/20

Anomalisa est un film d'animation, mais un film d'animation pour adulte et en stop motion. C'est un procédé qui me rend toujours un peu réticente, le rendu n'est pas toujours très subtil, c'est parfois (souvent) voulu et d'une certaine façon, c'est ce que j'apprécie dans ce genre de film. À côté de ça, je suis assez portée sur le visuel des films d'animation, il se peut donc que ça me rebute. Récemment, j'ai vu Le Sens de la vie pour 9,99 $ de Tatia Rosenthal, et si j'avais beaucoup aimé l'idée et l'histoire, l'esthétique du film manquait un peu d’attrait et c'est à ce détail que je craignais de me heurter ici. Or, ce ne fut pas du tout le cas. Je suis tout de suite tombée sous le charme du visuel d'Anomalisa. Les décors sont très réalistes, plein de détails minutieusement mis en place. Les faciès des personnages sont complètement dingues et la façon dont ils sont mis en mouvement les rend totalement vivants. Le doublage est également excellent, et les voix de David Thewlis, de Jennifer Jason Leigh et de Tom Noonan (les trois seules du film) permettent de compléter l'illusion. Les personnages sont en vie, il ne reste plus qu'à suivre leur histoire.


Anomalisa est une sorte de grande fable moderne sur la solitude, la nostalgie et l'amour. Michael Stone, est un quarantenaire englué dans la monotonie. Le film débute plus ou moins par l’atterrissage d'un avion et se termine par le décollage d'un autre. Seulement 24h dans la vie d'un homme, mais 24h qui semblent pouvoir bouleverser beaucoup de choses. Michael arrive à Cincinnati pour une conférence, et c'est dans l'hôtel où il décide de passer la nuit que l'histoire se joue. De rencontre en rencontre (une ex, d'abord puis ensuite, cette fameuse "Anoma"Lisa), Michael se confronte à ses regrets, à la banalité de sa vie, à son impuissance à la changer. Débarque alors une inconnue, Lisa avec sa naïveté, son décalage et sa maladresse ; Lisa, l'étincelle qui pourrait tout bousculer. Qui pourrait. 



J'ai beaucoup aimé la finesse avec laquelle les psychologies des personnages sont établies. Les humains sont complexes, la mélancolie, l'insatisfaction, le besoin d'être aimé, le sont tout autant, et c'est ici mis en scène avec un réalisme un peu brut, maladroit, voire fataliste, qui m'a beaucoup plu. Même saupoudrée d'humour, le ton de l'histoire reste emprunt d'une certaine gravité, et ça n'en rend les personnages que plus attachants et le film que plus intelligent.


Ce film  m'a fait passer par tout un tas d'émotions et de ressentis à la fois cohérents et contradictoires. Son histoire est drôle, réaliste, désillusionnée, cocasse, cynique, dérangeante, irréelle, touchante, sensuelle, absurde. Et ça ne dure qu'une heure et demi, pour vous donner une idée de la richesse de son scénario (écrit par Charlie Kaufman de toute façon, il aurait été difficile de s'attendre à moins). Bref, un vrai OVNI cinématographique. Une vraie anomalie du cinéma d'animation qui mériterait bien de passer devant un certain Vice-Versa cette année aux Oscars, ne serait-ce que pour son originalité et pour la surprise de récompenser un film qu'on ne verrait pas d'avance comme vainqueur.






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