jeudi 18 juin 2015

[Livre] L'Arabe du futur, tome 2 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985) de Riad Sattouf

Allary Éditions - 2015
160 pages
Date de parution originale : 11 juin 2015

Né d'un père syrien et d'une mère bretonne, Riad Sattouf raconte dans L'Arabe du futur sa jeunesse au Moyen-Orient. Dans le premier tome (1978-1984) le petit Riad était balloté entre la Libye, la Bretagne et la Syrie. Dans ce second tome, qui couvre la première année d'école en Syrie (1984-1985), il apprend à lire et écrire l'arabe, découvre la famille de son père et, malgré ses cheveux blonds et deux semaines de vacances en France avec sa mère, fait tout pour devenir un vrai petit syrien et plaire à son père.

16/20

À peine paru le 11 juin dernier, le deuxième tome de l'Arabe du futur de Riad Sattouf se retrouve déjà en tête du top des ventes de livres. Il faut dire que la suite des aventures du petit Riad était très attendue. Ayant lu le premier tome il y a seulement quelques mois, j'ai été ravie de pouvoir découvrir si vite le prolongement des périples d'enfance de l'auteur syrien.


Aux côtés de Riad, nous voici donc replongé au cœur de la Syrie des années 80. Cette fois, le petit garçon a grandi et le rythme du récit s'en fait sentir. Il y a un côté plus analytique, plus réfléchis peut-être même, sur ce que l'enfant observe, sur les scène auxquelles il assiste. Et bien sûr, Riad va désormais à l'école en Syrie. On découvre le système éducatif syrien à travers le ton à double tranchant de Sattouf : on rit bien souvent, mais jaune. Il faut dire que tout cela peut sembler bien étrange aux occidentaux. Le système est rude, les enfants entassés sur des bancs, maltraités, les plus pauvres rejetés, le contenu de leurs cours jonglant de propagande politique à religieuse. On a parfois l'impression que tout ça a l'air assez énorme, et pourtant, il faut rappeler que le roman graphique est autobiographique... et que l'auteur l'a donc bel et bien vécu !



Riad a beau être un enfant sensible, il n'en reste pas moins lucide sur ce qui l'entoure. Il s'interroge, se place en observateur vis-à-vis de son père, cette figure d'adoration qui a toujours un avis sur tout (et pas des moindres, le père de Riad a un avis très tranché sur la religion, la politique, le rapport entre la tradition et le moderne qui n'est pas toujours facile à équilibrer). La violence (il est traité de « Juif » et brimé à longueur de temps à cause de ses cheveux blonds) et l'injustice (vis-à-vis des pauvres, de la considération des femmes)  frappent également (Riad, mais le lecteur aussi par conséquent) avec plus d'importance que dans le tome précédent.


Avec ce deuxième tome, l'auteur nous offre une suite plus aboutie, où le regard de l'enfant, plus critique apporte un sens nouveau au récit. Cultivant son ton satyrique, Riad Sattouf poursuit son histoire à un rythme toujours aussi soutenu, et le lecteur enchaîne les pages, avide de découvrir les aventures de l'enfant dans ce monde étranger et ses mœurs qui semblent  un peu en décalage et tellement éloigné du notre. Le tome trois se fera lui aussi très attendre !




mercredi 17 juin 2015

[Film] Vice-Versa de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen

Américain - 1h34
Date de sortie en France : 17 juin 2015
Titre Vo : Inside-Out

Riley, une petite fille de 11 ans qui a récemment emménagé à San Francisco avec sa famille, n'est pas le personnage principal mais le lieu où se déroule du film. Les spectateurs iront explorer l'intérieur de son esprit pour découvrir comment les souvenirs se forment et comment les 5 émotions que sont la Joie, le Dégout, la Colère, la Peur et la Tristesse définissent les expériences de la vie.

17/20

Le nouveau Pixar, je l'attendais avec beaucoup d'impatience. Logique quand on est capable de se passer en boucle Toy Story, Le monde de Nemo ou encore Monstres & cie et que tous les derniers films du studio ont été un brin décevants. J'y suis donc allée confiante... et j'en suis ressortie avec le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux.


Il fallait oser faire un film d'animation pour enfants sur l'un des sujets les plus complexes concernant l'homme : le psychisme. (Au premier abord, ce n'est pas très attractif, hein ?) Vice-Versa, le fait pourtant, et avec subtilité et intelligence en plus de ça. À travers les émotions de Riley, une petite fille de onze ans, on (ré)apprend et découvre ce qu'il se passe dans notre tête sous un tout nouveau jour. J'ai adoré l'idée de personnifier toutes nos émotions, de donner forme à nos souvenirs, de créer tout un univers sur ce qui nous définie et nous construit. Bref, de donner du sens et une explication à ce que nous sommes. C'est une jolie façon d'aborder le sujet, accessible à tous et qui rend curieux et émerveille. Le cerveau est déjà fascinant, mais entre les doigts de Pete Docter et de Ronaldo Del Carmen, il devient en plus de ça, totalement magique.

Bon et puis, que serait un bon Pixar et son univers coloré sans la touche d'humour qui l'accompagne ?  Le film est drôle, avec ses côtés absurdes, ses blagues parfois très enfantines et celles qui plairont sans aucun doute beaucoup plus aux adultes qu'aux enfants. (D'ailleurs, il n'y avait presque que des adultes à ma séance, et tout le monde a rigolé une bonne partie du long métrage). Certains seront peut-être surpris par la petite bulle de dramatique qui a été placée dans le film, mais comme on finit par l'apprendre, il arrive que deux notions qui semblent opposées se mêlent à la perfection, et si la tristesse peut être liée à la joie, l'humour se mélange sans problème avec les côtés plus sombres du film.


Vice-Versa est un film qui fait du bien. Si vous avez le cafard, l'esprit maussade et le cœur en berne, je vous conseille d'y aller sans hésiter. Ça ne fait pas forcément rire aux éclats ou oublier tous ses soucis, mais ça fait irrémédiablement relativiser, prendre conscience de ses émotions et du fait que tout ce que l'on ressent, de la colère à la tristesse, peut avoir un impact positif sur la personne que l'on est. Je pense que j'étais dans l'état d'esprit idéal pour aller voir ce film et que ça a beaucoup joué sur mon appréciation. (Comme quoi, un peu de tristesse de temps à autre, ça ne fait en effet pas de mal !)


J'oublie sûrement de parler de plein de choses, mais ça ne fait rien, pour une fois, je n'ai vraiment pas envie d'écrire un avis à froid, construit et de prendre le temps d'y réfléchir. Je suis encore dans l'ambiance de ce très chouette film plein de finesse qui rendra les parents nostalgiques, émerveillera les petits et donnera aux grands enfants l'envie de ne pas grandir trop vite. Et je compte bien y rester encore un peu.



jeudi 11 juin 2015

[Livre] L'Oiseau de feu - Sept contes de Russie de Jacques Cassabois


Le Challenge Voyages autour du Monde étant officiellement lancé, le périple littéraire peut enfin commencer ! J'ai décidé d'attaquer le Mode Grand lecteur sans trop de convictions. Je ne lis pas des masses en ce moment, mais mon appétit de lecture peut me revenir aussi vite qu'il se fait la malle, donc nous verrons bien !
Lgf, Le livre de poche jeunesse - 2015
188 pages
Date de parution originale : 2008

Le fils du tsar peut-il s'emparer du plus beau des oiseaux ? La chance sourit-elle enfin à celui qui n'en a jamais eu ? Une adorable jeune fille a-t-elle le pouvoir d'amadouer le plus terrifiant des ogres ? Un paysan peut-il convaincre un loup de ne pas le dévorer ? Les rêves d'un simple fils de marchand peuvent-ils devenir réalité ? Un merveilleux voyage en sept contes au cœur des contrées enneigées de Russie.

15/20

J'ai fouillé un petit moment avant de trouver par quel bout entamer ce voyage. C'est finalement aux côté de Jacques Cassabois et de son recueil L'oiseau de feu - Sept contes de Russie que j'ai décidé d'entamer mon périple dans les riches contrées de Russie. Cassabois est un auteur français mais sous ses mots, le voyage dans la Russie des tsars et du merveilleux ne se fait pas attendre. 
« Quel mérite y a-t-il à garder un secret, quand nul ne cherche à le percer ? Quel courage y a-t-il à se taire, quand personne ne vous oblige à avouer ? »
Les histoires racontées ont beau être des contes pour enfants, je me suis laissée prendre dans ces récits plein d'aventures, d'animaux fabuleux, de princes et princesses, de figures mythiques (j'ai enfin pu découvrir les crocs acérés et la jambe d'or de Baba Yaga !). Et surtout, j'ai été surprise bien des fois par les morales choisies, qui ont souvent été différentes de celles auxquelles je m'attendais. 
Un chouette recueil, facile à lire et dans la lignée de contes traditionnels russes.

Voici donc une première étape validée !


Destinations validées : 1/40 
Points gagnés : 1/76 
Livres lus : 1



dimanche 7 juin 2015

[Film] La chanson de l'éléphant de Charles Binamé


Canadien - 1h50
Sortie au Canada le 10 septembre 2014
Avec : Xavier Dolan, Bruce Greenwood, Catherine Keener

Titre Vo : Elephant Song


Un psychiatre est entraîné dans un complexe jeu d'esprit psychologique quand il questionne un patient à propos de la disparition d'une de ses collègues.
14/20

Je ne vais pas m'en cacher, c'est clairement la perspective de pouvoir retrouver Xavier Dolan dans un premier rôle qui m'a donné envie de regarder La chanson de l'éléphant. Du coup, j'ai décidé de voir le film sans même en lire le synopsis. Je ne sais pas ce que je m'attendais à trouver derrière ce drôle de titre, mais certainement pas ce que j'ai eu sous les yeux au final !

Le film débute dans un hôpital psychiatrique, le lendemain de la disparition du Dr. Lawrence, un des thérapeutes travaillant dans l'établissement. Le Dr. Green, un collègue psychiatre du disparu, décide de s'entretenir avec Michael, le dernier patient à avoir eu rendez-vous avec Lawrence. Commence alors la confrontation.


Le thriller se construit d'abord autour de cette mystérieuse disparition, jonglant d'épisodes dans la vie des personnages, aux interrogatoires par la police des membres du personnels en passant, évidemment, par les échanges en huis-clos entre Michael (Xavier Dolan), patient un peu dérangé et Green (Bruce Greenwood), vieux psy en pleine crise existentielle. C'est d'ailleurs ces scènes là qui font une grande partie l'intérêt du film, et en deviennent finalement le centre, le tête à tête entre le psychiatre et le patient étant très intéressant. Xavier Dolan incarne un personnage aux multiples facettes et ça lui va à la perfection. Avec son air détaché et nonchalant, il pose peu à peu les règles et conditions de son petit jeu. Car joueur, il l'est, et même profondément calculateur.  Tour à tour arrogant, enfantin, vulgaire, on ne sait que penser de ce personnage atypique qui prend un malin plaisir à jouer avec les situations, les mensonges, les manipulations. Peu à peu, il se révèle, voyage dans sa mémoire, ressort son enfance et l'expose au psychiatre. On écoute alors Michael, fasciné par son récit décousu, sans cependant toujours parvenir à le croire. La vérité, avec Michael, est difficile à percevoir.


L'ambiance du film colle bien avec l'histoire et, malgré des décors très minimalistes (le film se passe surtout dans l’hôpital, dans le bureau de Lawrence où a lieu la confrontation entre Michael et Green), il y a une esthétique choisie qui m'a plu avec son jeu sur les couleurs qui passe par une lumière bleutée très froide, percée ça et là de touches de rouge, orange ou rose dans un vêtement, des feuilles, une fleur... D'ailleurs, seuls les flash-backs de Michael se passant en Afrique et parlant de ses fameux éléphants se détachent de cette ambiance très sombre.


Malgré tout (et si j'ai aimé le film), je suis restée sur ma faim. L'aspect psychologique aurait mérité d'être utilisée de façon encore plus poussée. J'aurais apprécié un réel jeu du chat et de la souris entre Michael et Green, le premier essayant de pousser le médecin dans ses retranchements, le second tentant de révéler le vrai visage du patient.  Les acteurs sont si bons dans leur rôle, le tête à tête n'en aurait été que plus fascinant. Ici, je n'ai pas trouvé cet aspect très exploité, on reste en surface, dans une mise en scène plutôt classique et sans prise de risque. Le film étant issu de la pièce de théâtre du même nom de Nicolas Billon (et même si on  retrouve ici celui-ci en tant que scénariste), l'intensité de l'échange passe peut-être mieux sur scène qu'à travers un écran. Je serais curieuse de voir la pièce, d'ailleurs.

Des remises en question, des voyages dans le passé, des éléphants, des familles esquintées, des sourires narquois, des regrets et du chocolat. Un bon thriller, mais plus marquant par la prestation de ses acteurs que par la construction de son histoire. On sent cependant, qu'à l'image de Michael, le réalisateur réussit à nous emmener là où il le voulait.


jeudi 4 juin 2015

[Livre] Les noces fabuleuses du Polonais de Fouad Laroui

Julliard, 2015
174 pages
Date de parution originale : 2015

Un mariage " forcé " a-t-il la moindre chance de devenir un mariage heureux ? Les catcheurs doivent-ils " tuer le père " ? Peut-on réduire l'amour à une formule mathématique ? Les sangliers sont-ils moins superstitieux que les hommes ? Avec sa verve inimitable, son imagination foisonnante et son humour décapant, qui lui valent un public toujours plus fervent, Fouad Laroui nous livre ici un recueil de cinq nouvelles drôles et poétiques autour des thèmes du mensonge et de l'absurde.

16/20

Court recueil de nouvelles choisi en grande partie pour les belles rigolades qu'il semblait promettre, Les noces fabuleuses du Polonais est mon premier livre de l'auteur (dont j'ai peu entendu parlé, mais qu'en bien) et il faut avouer que c'est également une franche surprise ! J'aime beaucoup découvrir de nouveaux auteurs, surtout lorsque j'aime ce qu'ils écrivent.
« Parfois, quand je me retrouve en société et que la conversation porte sur l'insolite du monde, les coups du sort, les bizarreries de l'existence, je repense à l'étrange histoire du mariage du Polonais. »
Fouad Laroui a une écriture simple qu'il est très agréable de suivre. Le récit est très naturel et on a parfois même presque l'impression d'entendre, dans un coin, l'auteur nous raconter ses histoires de vive voix. Il nous fait partager sur un ton toujours très humoristique ces drôles de petites histoires farfelues, qui ressemblent finalement beaucoup à des contes dans leur cheminement et leur moral. Cinq nouvelles, cinq fenêtres sur une culture marocaine qui semble toujours très présente dans les romans de l'auteur (qu'il me reste à découvrir d'ailleurs, ce joli recueil n'est sûrement pas ma dernière lecture de Laroui).
« Le mariage du Polonais, que j'ai fini maintenant de raconter, c'est le genre d'histoire qui commence de la façon la plus farfelue et se termine de la façon la plus émouvante, de sorte qu'on pourrait en dire, avec le poète : " Que de fois j'ai souri de l'entendre, et plus souvent pleuré ! " »
On est capturé dans ce petit univers plein d'absurde et de fantaisies dès la première nouvelle. Ces fameuses noces fabuleuses, qui donnent son titre au livre, sont vraiment très drôles. Sous des airs de mascarades, de mariage arrangé et d'un brin de naïveté, le ton est donné ! Et les nouvelles suivantes sont du même acabit, il n'y a qu'à se laissé porter dans l'esprit déjanté et plein d'humour de ce chouette conteur marocain, dans son audace (un mot n'existe pas ? Inventons-le !) et dans ses nombreuses apartés (sous forme de parenthèses et de notes de bas de page, qui sont, à elles-seules, un petit concentré du ton pince-sans-rire de l'auteur).
Une belle découverte et une chouette lecture en ce début d'été !