samedi 18 avril 2015

[Film] Lost River de Ryan Gosling

Américain - 1h35
Sortie en France le 8 avril 2015
Avec : Saoirse Ronan, Christina Hendricks, Iain De Caestecker

Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.


15/20

Lorsque Ryan Gosling se laisse tenter à aller faire un tour derrière les caméras, le résultat est à la hauteur de ce que l'on aurait pu espérer. Avec ce premier film plein d'audace, le canadien ajoute indéniablement une nouvelle ligne à la longue liste de ses compétences.



Lost River est une surprenante fable macabre qui frôle presque le fantastique à certains moments et rappelle pourtant une vérité très crue sur les ravages de l'économie en crise et la noirceur de l'âme humaine. Dans les ruines d'une ville abandonnée par ses habitants surendettés, Gosling nous présente le combat de deux familles brisées qui tentent de s'en sortir et de garder leur maison. À travers ces décors de désolation où les ruines des hommes côtoient une nature luxuriante et envahissante, on découvre les décombres de maisons détruites peu à peu par les machines ou le feu, les quartiers désertés où règne la loi du plus fort et dans lesquels l'homme peut devenir une véritable bête.



Il ne faut pas attendre bien longtemps pour réaliser que l'on a sous les yeux un film à l'esthétique irréprochable. Dès les premières minutes, les plans s'enchaînent et les décors capturent notre attention pour ne la relâcher qu'à la toute fin du film (générique compris !). 
Gosling joue sur les couleurs et les contrastes. L'ambiance est lourde, hypnotique. On se sent englué dans ce trop plein d'ombres, d'images nocturnes qui nous renvoient aux états d'esprits des personnages, eux-mêmes prisonniers de leur propre univers. De cette atmosphère presque constamment irréelle, se dégage une poésie très glauque comme je les aime. C'est beau et troublant à la fois.
L'ambiance est également servie par une musique très présente et envoûtante signée par Johnny Jexwel. Il y a peu de dialogues et on passe finalement plus d'une heure et demi à s'en prendre plein les yeux et les oreilles. Je suis très sensible à la musique dans les films, ça joue très souvent sur mon appréciation finale de celui-ci et ici, j'ai eu des frissons durant une bonne partie du long-métrage. 



Dans cette univers à l'onirisme très noir évolue une poignée de personnages esquintés par la vie. Les acteurs frappent par la simplicité avec laquelle ils interprètent les rôles qui leur sont assignés. Touchants, effrayants, pervers, rusés, et tous, finalement, très mystérieux. Christina Hendricks est touchante dans son rôle de mère courageuse (d'ailleurs, elle tient exactement le même genre de rôle dans Dark Place de Gilles Paquet-Brenner, sorti la semaine dernière également, ça lui va décidément bien). J'aime beaucoup Saoirse Ronan et j'ai découvert ici Iain De Caestecker. J'ai été frappée par leur naturel qui apporte énormément à l'ambiance du film, notamment grâce à la façon dont Gosling les filme, réussissant à capter les expressions et regards avec beaucoup d'aisance.

Le scénario peut sembler parfois un peu trouble mais l'histoire de fond se suit avec attention et j'ai vraiment aimé les nombreuses symboliques très fortes qui donnent beaucoup de sens à cette intrigue obscure au premier abord. Des flammes ravageuses à cette ville oubliée dans les eaux troubles et vaseuses du lac, en passant par l'érotisme suggéré et malsain de certaines scènes et par la violence un peu bestiale et extrêmement glauque que l'on retrouve disséminée tout le long du film.

Je suis très bon public pour ce genre de film un peu inattendu, au propos brumeux et à l'atmosphère éthérée, mais dont la poésie me fascine. Le visuel très travaillé du film est ensorcelant, les tableaux se succèdent, se confondant à la musique qui hypnotise. C'est presque magnétique en ce qui me concerne, ce type de films parfois lent et contemplatif me trouble et m'enchante à la fois. Un coup d'essai qui paie !




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