lundi 20 avril 2015

[Livre] La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel de Romain Puértolas

Le Dilettante, 2015 - 252 pages
Date de parution originale : 2015

Pour Providence Dupois, la vie, c'est un peu comme la mayonnaise : plus on s'agite et plus on a de chances de la réussir. Alors que la jeune et jolie factrice parisienne s'apprête à partir en Afrique chercher la petite fille qu'elle aime le plus au monde, un volcan islandais se réveille, paralysant l'ensemble du trafic aérien européen. D'aéroport en monastère tibétain, commence alors pour elle le plus haletant et le plus prodigieux des voyages. 
L'amour donne des ailes. Êtes-vous prêt à vous envoler ?


14/20

Si le style de Romain Puértolas s'est fait connaître grâce à son célèbre Fakir, c'est avec son nouveau roman que j'ai eu envie de découvrir l'auteur. Il faut dire que le titre est aussi long qu'il est intriguant et que le résumé laisse présager une belle histoire. Et en effet, l'auteur nous réserve quelques jolies surprises.

« Avaler un nuage, c'était Providence qui avait trouvé cette expression pour parler de sa maladie, la mucoviscidose. C'était bien trouvé. Ce que la petite fille ressentait au fond de ses poumons, c'était un peu ça, une douleur vaporeuse et sournoise qui l'étouffait légèrement mais sûrement, comme si elle avait avalé, un jour, par inattention, un gros cumulonimbus et qu'il était resté, depuis, coincé en elle. »
L'histoire retrace la folle aventure de Providence, jeune factrice parisienne, ayant décidé d'adopter Zahera, petite fille orpheline de l'autre côté de la mer, au Maroc. Seulement voilà, le sort s'acharne le jour où elle doit aller chercher Zahera et l’irruption du fameux volcan islandais au nom imprononçable cloue tous les avions au sol, l'empêchant d'aller rejoindre la fillette. Pourtant, Providence doit absolument partir, car il y a urgence ! En effet, Zahera est atteinte de mucoviscidose et il lui faut venir en France pour être mieux soignée.
« Car tant qu'il y avait de la vie, il y avait de l'espoir, et tant qu'il y avait des êtres humains, il y avait de l'amour. »
Dès les premières lignes, on retrouve le ton humoristique plutôt plaisant de l'auteur. Il est amusant de voir les jeux de mots, les situations décalées et l'absurde mélangés au sein d'une histoire qui promet de belles émotions. Il faut dire que l'auteur sait jouer avec les mots, mais également avec la corde sensible. Avec la maladie qui touche Zahera et l'amour débordant de Providence pour la petite fille, Romain Puértolas réunit les ingrédients pour réussir à toucher ses lecteurs. Cependant, si l’histoire est émouvante, il lui manque un côté très poignant. J'ai trouvé ça touchant, mais je n'ai pas été émue. 
« Le cœur est une grande armoire dans laquelle on enferme tous ceux que l'on aime pour les avoir toujours en soi et les trimballer partout avec soi dans la vie. »
Ce qui me marquera surtout, c'est la narration très agréable qui se lit rapidement et la construction de celle-ci, vraiment surprenante, qui nous réserve un joli twist final et donne tout son intérêt au roman. Je ne m'y attendais absolument pas, et j'ai beaucoup aimé la façon dont le roman se termine.
« Il faudrait toujours avoir un moine tibétain dans la poche en cas d'urgence, de dépression, de manque de foi ou de confiance en soi. »
Deux, trois petits choses à reprocher néanmoins, notamment un discours très convenu sur l'humanité, la guerre dans le monde ou la politique. J'aime bien que les auteurs aient leurs idées sur les choses et fassent passer leur message dans leurs romans, mais des fois je trouve ça très artificiel. Les passages hautement grandiloquents sur la paix, le bonheur et la joliesse de la vie me semblent toujours en trop lorsqu'ils prennent autant de place et sont aussi récurrents. C'est plein de bons sentiments, il n'y a pas à dire, et il est difficile de ne pas être en accord avec ces jolis idées pleines de positivismes, mais tout de même... c'est parfois un peu dégoulinant et ça s’essouffle vite.
« Le rire, c’est le pire qui puisse arriver à la maladie. Lui rire au visage. Ne jamais perdre espoir. Ne jamais abandonner. Car l’aventure n’est pas terminée. Ne jamais se lever de son siège et sortir de la salle de cinéma avant que le film ne soit terminé car la fin réserve souvent des surprises. De bonnes surprises. Le happy end. »
Le roman est agréable à lire, avec sa panoplie de personnages originaux très attachants et l'extraordinaire voyage que nous propose l'auteur. On en voit de toutes les couleurs, on adhère avec le ton pince sans rire, un peu déjanté qui essaye de nous faire accepter comme (presque) ordinaire ce qu'il y a de plus incroyable et ça se suit avec plaisir. Attention cependant à ne pas trop tirer sur la corde, l'auteur a trouvé un style qui fonctionne mais à petites doses.




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