dimanche 8 mars 2015

[Livre] Respire d'Anne-Sophie Brasme

Lgf - Le livre de poche, 2014
190 pages

Charlène est une enfant comme les autres, qui vit sans trop se poser de questions, prend ce qu’on lui donne et ne demande rien. Elle habite un immense appartement à Paris avec ses parents, pas très aimants ni très amoureux. Charlène souffre : elle est asthmatique, se sent incomprise, mal aimée. Avec l’entrée au collège commencent de longs mois difficiles, de solitude et d’attente. Jusqu’à l’arrivée de Sarah, brillante, magnétique. Une amitié naît, qui pour Charlène est un don inespéré de la vie, un émerveillement. Avant les petites déceptions, les souffrances, la passion puis le désespoir. Un roman d’une vérité hallucinante écrit par une jeune fille de 17 ans.


14/20

J'ai découvert ce court roman de moins de deux cents pages par son adaptation au cinéma. C'est d'ailleurs lors du générique que j'ai repéré le nom de l'auteur et ai pu aller jeter un œil au roman. Si globalement ce livre a su trouver quelques échos en moi, notamment grâce à la maturité de l'écriture qui permet de s'identifier au personnage principal, mon avis reste tout de même mitigé.

Déjà, l'histoire est purement narrative. D'un bout à l'autre du livre, Charlène, la personnage principale, raconte. Ce mode de narration est parfois un peu lourd. Elle se contente de raconter ce qu'il s'est passé, comment elle en est arrivée là et les brefs moments de réflexions sur sa condition passée ou actuelle auraient parfois mérité d'être un peu plus poussés. 
Cette impression est, je pense, surtout accentuée par le format court du livre. Cent quatre-vingt dix pages, ça se lit relativement vite, et lorsque celles-ci couvrent plusieurs années de vies, les ellipses ou raccourcis sont assez fréquents. Je préfère quand les histoires prennent le temps d'être racontée. 
Ici, même si le but n'est pas réellement de raconter la vie de Charlène mais d'exposer comment sa vie à pris une telle tournure et pourquoi elle a fini en détention, j'ai souvent eu l'impression que des passages étaient vite expédiés.
« Je suis devenue un véritable mur de glace. Je ne supportais pas qu'on me touche, ni même qu'on me frôle ou qu'on me regarde. Je n'avais plus besoin d'amour. Grandir me donnait presque la nausée. »
Cependant, ce qui fait la force du roman, c'est surtout son sujet. Un sujet dur, dérangeant. Charlène est une adolescente torturée, qui même enfant, avait du mal à trouver sa place et à s'intégrer. Les affres de l'adolescence n'ont pas arrangé les choses, et l'enfer commence réellement lorsqu'elle rencontre Sarah. Sarah c'est l'antagoniste de Charlène. Brillante, lumineuse, sociale. Elle fascine autant que Charlène semble quelconque. Et fascinée, Charlène l'est dès le début. On sent l'attirance immédiate qui se crée, puis qui se consolide au fil que leur amitié grandit. Mais également à mesure que l'emprise de Sarah sur Charlène augmente. Plus Sarah brille, plus Charlène s'efface. L'une domine et l'autre se soumet. Le tourbillon n'a pas de fin, la spirale infernale prend Charlène au piège. Et inévitablement, l'histoire se termine en drame.
« J'étais redevenue l'ombre de moi-même. Un mur me séparait des autres. Et j'aurais préféré qu'ils me crachent au visage plutôt qu'ils me laissent dans un tel abandon. Car pire que le mépris, il y a l'indifférence. La sensation de ne plus exister. »
De ce côté là, l'analyse faite par l'auteur sur l'obsession que l'on peut avoir d'une personne, sur le jeu de manipulation qui peut s'orchestrer entre deux êtres est assez réaliste et frappante.


Bon, je dois quand même avouer que si mon avis sur le livre reste un peu partagé, c'est surtout à cause de l'adaptation de Mélanie Laurent qui m'a beaucoup plu. Plus que le livre même, finalement. Je m'attendais vraiment à ce que l'histoire corresponde au film que j'avais aimé, et c'était loin d'être le cas. Mélanie Laurent a adapté l'histoire avec un procédé de narration complètement différent dans lequel on suit l'histoire de Charlène, découvrant et suivant sa rencontre avec Sarah et l'emprise qui se crée avec minutie. On plonge dans la spirale avec Charlène au lieu d'être un simple spectateur d'une histoire racontée. Le film joue plus sur les sentiments et l'empathie que sur le réflexif. C'est sûrement pour cette raison que ça a mieux fonctionné me concernant. À ça s'ajoute deux actrices, Joséphine Japy et Lou De Laâge, respectivement Charlène et Sarah, parfaites dans leur rôles et une très belle mise en scène, épurée mais qui reste très frappante.




Finalement, il est sûrement préférable de prendre livre et film comme deux histoires différentes, sans chercher à les comparer. On trouve du bon dans chacun et le message identique qu'ils cherchent à faire passer marque dans les deux cas.






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