dimanche 22 mars 2015

[Film] Métamorphoses de Christophe Honoré

Français - 1h42
Sortie en France le 3 septembre 2014
Avec :  Amira Akili, Sébastien Hirel, Damien Chapelle

Devant son lycée, une fille se fait aborder par un garçon très beau mais étrange. Elle se laisse séduire par ses histoires. Des histoires sensuelles et merveilleuses où les dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Le garçon propose à la fille de le suivre.

14/20

Du titre à l'affiche, tout me faisait envie chez ce dernier film de Christophe Honoré. Il semble cependant être apparu au cinéma aussi vite qu'il en fut enlever, j'ai donc mis du temps à pouvoir enfin le voir. Le réalisateur adapte ici les Métamorphoses d'Ovide dans un univers moderne qui vacille de la nature au milieu urbain. Avec ses quinze livres, adapter l'oeuvre originale était un pari ambitieux. Le final donne un film de seulement une heure quarante-deux proposant des extraits des fameuses métamorphoses. 



Le film suit Europe, une jeune femme qui rencontre à la sortie de son lycée un mystérieux garçon, Jupiter, qui l'entraîne dans son monde peuplé d'histoires de dieux, de mortels... et de métamorphoses (oui, c'est le but du film !). J'ai envie de lire Ovide depuis des années, les mythes qu'il raconte me fascine, et ce fut également le cas à l'écran. J'ai beaucoup aimé découvrir les mythes qu'on nous propose ici. Néanmoins, au milieu de toutes ces histoires, le scénario de base s'en retrouve un peu bancal, on parfois du mal à retrouver le fil conducteur et à comprendre comment les différents mythes viennent se greffer dessus.



Pour moi, Christophe Honoré, c'est Les chansons d'amour, sorti en 2007, premier film que j'ai vu du réalisateur, et sûrement celui qui m'a le plus marqué pour le moment. J'avais été très sensible à l'esthétique de son film et je suis ravie d'avoir pu retrouvé ce sens de l'image, très poussé, dans les Métamorphoses
Les plans nous plongent de la ville avec ses immeubles, en passant par les routes et leurs semi-remorques, à la nature avec ses grands espaces : roches, forêts, lacs, rivières... Le dosage entre modernité et mythologie se fait avec subtilité (un passage met en scène un dieu se promenant nu en pleine nature et s'allongeant sur le sol, on remarque qu'il porte aux pieds des baskets rouges et noirs) et ce qui aurait pu être ridicule est en fait facilement accepté et ne dérange pas. La BO du film joue également beaucoup avec le mélange de musiques classiques (Ravel et Mozart) et de musiques pop (Baxter Dury). Cette réadaptation moderne est un point que j'ai vraiment aimé. On garde l'essence du mythe d'origine mais placé dans un contexte tout nouveau. Le concept est très intéressant.


Les acteurs incarnant tour à tour dieux et déesses sont peu ou pas connus. Leur jeu est souvent hasardeux, un brin surjoué. Bizarrement, ce n'est pas si gênant que ça, cette espèce de grandiloquence mal assurée dont ils font tous plus ou moins preuve colle bien avec l'épique du poème de base. Et puis, on apprécie de se retrouver face à des figures inconnues et vierges d'expériences. Ça renforce l'impression un peu à part que l'on a du long métrage. 

Il se dégage une certaine sensualité du film. Une beauté primitive qui se retrouve dans la simplicité de la nature, dans la violence des amours racontés et dans la quasi-omniprésence de tous ces corps nus qui se touchent et s'enlacent. Malgré tout, ça reste très pudique et ne devient jamais grossier ou vulgaire. On retrouve bien l'aura du poème latin d'origine mais intégré dans ce XXIe siècle, qui ne semble pas toujours si en opposition que ça.

Si je voulais voir le film depuis un moment, je ne m'attendais pas à l'apprécier autant. L'idée me plait et j'ai été captivée par ce que je voyais. Si on arrive à rentrer dans le concept, il suffit de se laisser porter par tous les mythes racontés. En tout cas, ça va peut-être enfin me décider à me lancer dans Ovide.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire